dimanche 21 octobre 2007

Rose ADLER - Lucien COUTAUD

L’entrée dans le champ des Arts décoratifs












Née à Paris en septembre 1892, Rose Adler fut à partir de 1917 une élève assidue de l’Ecole d’Art décoratif Villa Malesherbes puis rue Beethoven avant de prendre des leçons particulières en 1923 chez le relieur Noulhac. Cette année 1923, le couturier et mécène Jacques Doucet accompagné par Pierre Legrain la rencontre à l’exposition de la Société des Artistes Décorateurs. Il lui commande trois reliures et l’invite à visiter sa bibliothèque. Les oeuvres de Legrain lui font découvrir la voie dans laquelle elle doit s’engager. Peu après, Jacques Doucet l’engage comme décoratrice, lui confiant tout d’abord des travaux de reliures pour des ouvrages de Reverdy, Aragon, Limbour, Paul Morand, Valéry, Suarès, Apollinaire... François Chapon dans son ouvrage consacré à «Jacques Doucet et l’art du mécénat» (Perrin éditeur, 1996) a parfaitement décrit l’originalité, la modernité des travaux de Rose Adler, ses choix de matériaux rares ou nouveaux, la recherche d’équivalences plastiques, sa volonté d’atteindre la perfection. Ainsi cette pulvérulence d’or sur le veau orangé habillant «La Poussière de Soleils» de Raymond Roussel ou la spirale enroulée sur «Le Serpent» de Paul Valéry. Dès les premiers mois de 1927, Jacques Doucet l’encourage à d’autres travaux que la reliure et lui commande des cadres pour des oeuvres de Picasso, Derain, Marie Laurencin, puis des boites. Fin 1928, il l’incite à créer des pièces de mobilier.

Avant que Rose Adler, qui était une jeune femme blonde, très belle, tour à tour gaie et mélancolique selon les témoignages que nous avons, rencontre Lucien Coutaud, elle rencontra Denise Bernollin, une lointaine cousine d’André Fraigneau, qui deviendra fin 1928 ou début 1929 une amie puis la compagne de Lucien Coutaud. Nous ignorons les circonstances de la première rencontre de Denise Bernollin et Rose Adler. Nous pouvons penser que cela s’est passé autour de Jacques Doucet et nous pouvons la dater des premiers mois de 1927. Denise Bernollin, née le 7 février 1905, brune, très belle elle-aussi, alors dans la splendeur de ses vingt-deux printemps, s'adonnait au dessin et faisait de la gravure. De milieu bourgeois, elle vivait avec sa famille, à Paris, rue de l’Assomption, dans le XVIème arrondissement. A t-elle été mise en contact directement avec Doucet par une relation de sa famille ou indirectement par l’intermédiaire de Marie Dormoy, la secrétaire de Doucet ? Cette seconde hypothèse nous paraît la plus plausible. En août 1927, nous savons qu’elle venait de réaliser des illustrations, six dessins et six gravures reproduisant ces dessins, pour le manuscrit du «Bal du comte d’Orgel» de Raymond Radiguet. Dans une lettre à Jacques Doucet, datée du 3 août, elle lui laisse fixer le prix de ces illustrations, ne sachant pas quoi lui demander. «J’en ai parlé avec Mlle Rose Adler, mais comme moi-même elle les ignore». Ces illustrations se trouvent à présent au Fonds Doucet à la Bibliothèque littéraire Jacques Doucet à Paris conservées dans une simple chemise et tout nous permet d’affirmer qu’elles n’ont jamais rejoint le manuscrit ou le livre auquel elles étaient destinées. Une lettre à mademoiselle Marie Dormoy, datée du 16 août 1927, confirme sa satisfaction de ce premier travail pour Jacques Doucet. «Je suis depuis une semaine à Belle-Ile et ce pays est si joli que je remets toujours au lendemain le plaisir de vous écrire pour vous dire que tout s’est bien passé au sujet du bal du comte d’Orgel. De plus Monsieur Doucet a eu une idée délicieuse de me faire faire deux illustrations par mois pendant un an. Je suis très heureuse». Le 5 septembre, elle écrivait de Belle-Ile à Jacques Doucet. «J’aimerais beaucoup faire les deux illustrations du mois de septembre pour «Suzanne et le Pacifique» de Giraudoux». En fait pour ce livre, qui sera relié par Rose Adler, Jacques Doucet lui commande six dessins et six eaux-fortes, ces dernières au format du livre. On sait que les six gravures seront tirées à dix exemplaires et l’on a connaissance d’un autre exemplaire de ce livre relié par Rose Adler en 1930. Dans l’exemplaire de Jacques Doucet les gravures sont réparties dans le texte. L’une d’elles, à la page 114, nous montre Suzanne devenue une nouvelle Eve, nue, assise sur son île, un couteau ensanglanté à la main, avec à ses côtés un serpent dont elle venait de trancher la tête... Les six dessins originaux accompagnés d’une aquarelle inspirée par le livre seront conservés à part. En 1927, une lettre de Pierre d’Arcangues à Denise Bernollin laisse supposer un travail d’illustrations sur des poèmes de ce dernier datés du mois de juillet 27 : «Quatre poèmes syncopés sur des airs de jazz». Mais était-ce pour Doucet ? «Mademoiselle, Voici les petits poèmes. J’espère que l’on pourra les insérer dans un des ouvrages en préparation, avec 4 illustrations de vous. Pensez-y. Il est à peu près certain que je pourrai vous faire la petite exposition dont je vous ai parlée. [...]». «Le rythme de l’orchestre, les coups monotones de la caisse, ce sont les battements du désir en toi, qui te pénètre comme la nuit trouée de lumières»... Cela commence ainsi. En 1928, Denise Bernollin travaille à des illustrations pour «La maison de Claudine» de Colette à la demande de la Société des cent femmes bibliophiles amies du livre et continue à réaliser des illustrations pour Jacques Doucet. Sa correspondance avec Doucet nous laisse supposer que cette année là elle a tout d’abord illustré pour ce dernier «Isabelle» d’André Gide et «Eglantine» de Jean Giraudoux. Elle lui a par la suite proposé d’illustrer «Bernard Quesnay» d’André Maurois. «Je vous apporterai les 2 Isabelles et les Eglantines qui sont également terminées. J’ai pensé à illustrer Bernard Quesnay d’André Maurois pour le troisième suivant. Cela vous conviendrait-il ?». «Eglantine» figure bien au Fonds Doucet, comme «Suzanne et le Pacifique», mais dans un simple emboitage non signé, avec six gravures réparties dans le texte. «Isabelle» figure également au Fonds Doucet, relié par René Kieffer (sur les indications de Pierre Legrain), avec deux dessins originaux de Denise Bernollin au crayon noir légèrement rehaussés au crayon de couleur en double frontispice et avec les deux gravures correspondantes placées dans le texte. L’une des deux illustrations représente dans un intérieur, près d’une porte, une jeune femme hagarde, cherchant à fuir, un chandelier aux bougies allumées tenu à la main, face à un personnage masculin. On sait qu’elle a également illustré pour Doucet, cette année 1928, «Jérôme, 60° Latitude Nord» de Maurice Bedel, qui avait obtenu le Prix Goncourt 1927. Une dédicace d’un exemplaire de ce livre à Denise Bernollin nous le laissait supposer : «A Denise Bernollin qui a su voir Uni et Jérôme avec les yeux mêmes de l’auteur» et cela est confirmé par le Journal de Rose Adler. «La petite Denise Bernollin avait été montrer les illustrations de Jérôme à Bedel. Elle s’était attardée. Pour être exacte au rendez-vous chez le Magicien elle prit un taxi mais s’apperçut qu’elle n’avait que quelques francs. Conduisez-moi pour 4 fr dit-elle au chauffeur et elle courrut de l’Etoile au 46 de l’avenue du Bois». Cet ouvrage de Maurice Bedel, sur le thème des aventures amoureuses d’un français en Norvège, figure au Fonds Doucet, relié par Rose Adler, avec six dessins au crayon de Denise Bernollin en début d’ouvrage et les six gravures correspondantes réparties dans le texte. Nous savons qu’elle a aussi illustré de six gravures «Molinoff Indre et Loire» du même Maurice Bedel, une satire amusante des milieux royalistes, un milieu qu’elle connaissait bien, vraisemblablement cette année 1928, l’année de sa parution. Nous avons connaissance d’une maquette de reliure de Rose Adler pour ce livre et des six gravures tirées à douze exemplaires. De même nous avons connaissance d’une maquette de reliure un peu similaire de Rose Adler pour «Agnès» de Gabriel d’Aubarède publié également en 1928 avec trois gravures de Denise Bernollin tirées à douze exemplaires. Nous sommes toujours dans la littérature romanesque et curieusement les prénoms féminins prédominent. Un exemplaire de «Molinoff Indre et Loire» imprimé spécialement pour Jacques Doucet figure bien dans la bibliothèque de ce dernier, mais non relié, ni enrichi d’illustrations, ce qui laisse supposer un projet abandonné en 1929 du fait des circonstances. En 1928 encore, nous savons qu’elle a également réalisé un travail d’illustration (peut-être la suite des gravures pour «Agnès») pour une importante bibliophile belge, madame Louis Solvay, qui était une amie de Jacques Doucet. C’est Doucet lui même qui aurait servi d’intermédiaire. Une lettre de Jacques Doucet à Denise Bernollin datée du 31 décembre 1928 en témoigne. Jacques Doucet passait alors l’hiver sur la Côte d’Azur au Golf Hôtel de Beauvallon-sur-Mer. «Merci ma petite et jolie Denise de votre gentil mot et des souhaits. Ma femme et moi y avons été forts sensibles. [...] Je viens d’écrire à Rose qui veut bien me servir de secrétaire pour qu’elle s’entende avec mon secrétaire Perrot et régler avec vous nos petits comptes, ceux du mois et je crois une série faite pour madame Solvay. Enfin elle est au courant mieux que moi et fera ce qu’il faut.» La suite de cette lettre n’est pas inintéressante. «Je vous souhaite ma chère enfant une année encore meilleure, votre jeune talent prend de la forme, il faut être jolie et original, trouver une formule à soi [...]. Avec les auteurs jeunes et beaux de maintenant, il faut suivre leur fantaisie mais en y joignant la votre qui doit bien s’adapter. C’est à mon avis la grande erreur des illustrateurs de maintenant. Ils font du eux qui souvent n’est pas du tout ce qu’il faudrait pour le livre qu’ils illustrent, alors inutile de les mettre ensemble. Pour qu’une femme et un homme veulent faire un enfant, il faut qu’ils cherchent pendant l’instant délicieux à ne plus faire qu’un. Ce qui viendra d’eux doit avoir toutes les qualités de chacun mais pas les défauts de l’un ou il deviendra un petit monstre. Faites de beaux enfants petite Denise vous ressemblants [...]. Bonne année, bonne santé, votre vieil ami. Jacques Doucet». Début 1929, ayant du quitter son domicile, suite à des difficultés familiales, Jacques Doucet lui donne un conseil du meilleur bon sens dans une lettre datée du 19 janvier : «Merci ma petite amie de votre gentille lettre. Je suis heureux des envois que vous m’annoncez. Comme dans la vie il faut souvent parler intérêt, entendez-vous avec Rose qui veut bien me servir si aimablement de correspondant. Elle fera le nécessaire. Mais ma pauvre amie, j’espère que votre famille ayant [?] votre domicile, vous ne serez pas obligé de coucher sous les ponts, avec la température présente ce serait désastreux. Mariez-vous, vous aurez un domicile certain. Je ne dois vous donner comme vieillard que de bons conseils. Mais enfin. [...]». Il lui décrit également son séjour à Beauvallon. «Ici il fait froid pour un pays chaud, mais l’endroit est si joli avec le lac en bas du jardin de l’hôtel [...]. Les gens, ici beaucoup d’étrangers, sont des gens tranquilles. Les promenades de mer sont délicieuses et toutes différentes de Hyères à Cannes. Peut-être un peu monotone pour la jeunesse mais délicieuses pour les vieilles gens. Le matin golf avant le déjeuner, puis 3 heures de promenade presque toutes différentes. L’on rentre. Les journaux, les lettres reçues, répondre comme je le fais avec vous. L’on s’habille, dîner, beaucoup de vieilles dames mais aimables. Petites parties de cartes et l’on remonte se coucher. Très bel hôtel, très bonne nourriture et voilà comment se passe la vie qui pour moi est maintenant redevenue normale. Je rentrerai dans les premiers jours de février. Le meilleur de votre vieil ami, bon courage. Jacques Doucet». Le 17 février 1929, Jacques Doucet lui écrivait encore. «Ma gentille amie, Merci de votre aimable lettre. Je suis dans l’attente de me mettre en route pour le retour. J’en ai assez du midi. Je crois bien qu’il me restera qu’en rêve. [...] J’ai su par Rose vos succès d’exposition [...]. Allez-vous faire de nouvelles belles gravures. Nous verrons cela au retour. J’ai des nouvelles par Rose pour nos travaux. Je suis bien curieux de voir tout ce que l’on a fait de nouveau à St James. [...]. Ma femme vous envoit toutes ses amitiés. J’y joins les miennes plus affectueuses. Votre ami. Jacques Doucet». Les liens d’amitié de Denise Bernollin avec Rose Adler se ressèrent également au début de 1929. Le 21 février 1929, Rose Adler écrivait à Denise Bernollin, Société des Etudiantes, 214 Bd Raspail à Paris, cette lettre étonnante, à l’encre violette sur un délicat papier violacé : «Chérie. Vous trouverez à choisir dans mon petit salon 3 petits Cournault. Si vous voulez bien venir choisir le vôtre. Mettez-vous en rapport avec lui mais il demeure rue Gabriel - et non avenue. Je pars tout à l’heure - le coeur douloureux. Bien votre. Rose. Ecrivez moi si vous avez besoin de la moindre des choses. Vous savez qu’il y a toujours 300 f en banque pour Colombine». On sait qu’Etienne Cournault était un artiste réalisant des peintures sur miroir très appréciées par Jacques Doucet et qu’il deviendra un ami intime de Rose Adler, de même que Pierre Chareau. En avril 1929, Rose Adler réalise encore pour Jacques Doucet un «montage cartonnage» destiné à contenir des originaux de Denise Bernollin. Le 1er septembre 1929, elle passe une longue journée en voiture avec Jacques Doucet et madame Doucet. «Orléans, Cropet pour chercher la petite Denise, l’emmener déjeuner avec nous à Blois. Chambord puis Chartres où nous étions arrivé trop tard pour entrer dans la cathédrale» se remémorera-t-elle dans son journal un an après jour pour jour. Le 31 octobre 1929, Jacques Doucet décédait à Neuilly. La Presse évoqua la disparition du magicien. Triste coïncidence, cette même année Denise Bernollin perdait également son père. Toujours est-il que l’on ne peut qu’être étonné de voir, les deux dernières années de sa vie, Jacques Doucet suivre de très près et encourager Denise Bernollin, une jeune artiste au talent jamais reconnu, à la carrière artistique plus brève encore que celle de Camille Claudel et qui abandonnera toute activité créatrice vers la fin de 1936, s’effaçant comme elle nous le dira derrière la trop forte personnalité, le talent de Lucien Coutaud. Ses derniers travaux connus auront été un livre pour enfants titré «Maman poule et papa coq», un recueil de gravures intitulé «Jeux», inspiré par les jeux d’enfants, préfacé par Jean Blanzat et publié en 1931, et un alphabet pour enfant. On sait qu’en novembre 1935, Rose Adler proposa à Madame Solvay de lui montrer une petite table de chambre d’enfant qu’elle réalisait avec un alphabet sous verre qui est une lithographie de Denise Bernollin. On connaît également d’elle une gravure sur Chine de décembre 1936 numérotée 1/12 et représentant un chat allongé sur un coussin, ayant servie de carte de voeux pour 1937. Cette gravure se trouve à la Bibliothèque littéraire Jacques Doucet avec la mention «Bonne année de Denise Bernollin» accompagnée d’une carte de visite de Rose Adler portant dessiné au crayon un globe terrestre et ce texte également au crayon : «Pole Léautaud Dieu de la planète chat - chien déc 36 Rose Adler avec tous ses voeux »... Après Modigliani, Picasso avec «Les Demoiselles d’Avignon», le Douanier Rousseau avec «La Charmeuse de serpent», Matisse, l’art nègre et le mobilier de Legrain, Marcel Coard et d’autres grands de l’Art Déco, finir pour Jacques Doucet en beauté avec Denise Bernollin... On peut s’interroger. Mais peut-être faut-il y voir tout simplement sa foi inébranlable en la jeunesse, en la nécessité, comme il le disait, «d’un art de notre temps». Les liens avec Rose Adler ne s’estomperont pas à la mort de Doucet et on verra notamment Rose Adler faire connaître le travail de Denise Bernollin à Madame Jeanne Dubost, une importante collectionneuse parisienne qui recevait dans son hôtel particulier de l’avenue d’Iéna, à d’autres collectionneurs encore.

Les relations de Denise Bernollin avec Rose Adler (elles étaient importantes à préciser) expliquent les relations de Rose Adler avec Lucien Coutaud, l’intérêt de Coutaud pour le domaine des Arts décoratifs.

Dès 1929, Rose Adler permettait à Lucien Coutaud de rencontrer Francis Picabia, le collectionneur Henri-Pierre Roché (l’ami de Marcel Duchamp, c’est lui qui avait fait connaître Picasso à Jacques Doucet), le marchand Léonce Rosenberg, et Bing, un autre marchand américain, installé au 20 bis rue La Boétie à Paris. Ce dernier achète à Coutaud cette année 1929 plusieurs toiles, dont «Rhénanie» de 1928. La première rencontre de Lucien Coutaud avec Henri-Pierre Roché date du 7 juin 1929. Rose Adler se rend avec Henri-Pierre Roché chez Lucien Coutaud qui logeait alors à l’Hôtel Mistral, 24 rue Cels. On en retrouve le témoignage dans le journal de cette dernière :

«Roché est venu me prendre pour déjeuner au restaurant chinois rue des Carmes et aller ensuite chez le petit peintre Coutaud. [...] Chez Coutaud petit hôtel presque borgne. Coutaud a des gestes un peu raide et [on peut voir la] poupée de ses personnages au mur en guise de tableau - un carton avec de petits soldats de bois - désuets - Les personnages de Coutaud - aiment - caressent - naïvement - dans une ambiance de conte de fées. Roché et moi apportons quelques billets pour que la magie continue - pour que le rêve ne s’achève pas encore».

Le 10 juin 1929, Rose Adler vend trois gouaches de Coutaud à une marchande américaine qu’Henri-Pierre Roché voulait récemment lui présenter alors qu’elle était déjà en relations avec. On en retrouve comme précédemment l’information dans son journal : «Visite d’Alice Roullier des Roullier Galleries de New York. Elle a acheté trois gouaches de Coutaud».

Un des premiers travaux de Coutaud en collaboration avec Rose Adler sera, début 1930, dix illustrations à la gouache pour «le Livre de Monelle» de Marcel Schwob. Ce livre, il s’agit d’un exemplaire de l’édition originale dédicacé à Charles Friedlander, sera relié par Rose Adler pour madame Louis Solvay. Il fait actuellement partie du Fond Solvay à la Bibliothèque royale Albert 1er de Bruxelles. La reliure datée de 1931 est superbe comme toujours lorsqu’il s’agit de reliures de Rose Adler, et au fin bandeau de couleur argent entourant chaque illustration répondent les tranches palladium de l’ouvrage voulues par Rose Adler. La gouache réalisée pour le frontispice représente un portrait de Marcel Schwob avec trois femmes nues (trois des onze soeurs de Monelle ?) volant dans les airs. Parmi les autres illustrations on peut remarquer une femme nue et un soldat se tenant la main, une femme à bicyclette venue à la rencontre d’une autre femme, une femme nue couchée dans un paysage, la main de Barbe bleue (une main énorme avec allongée sur la paume une femme aussi nue que les autres), une femme-barque (un peu comme une figure de proue) évoquant la Loreley... Ces illustrations sont en accord avec la thématique de la fin de la période rhénane de l’artiste.

Le 6 octobre 1930, après avoir passé ses vacances d’été à Nîmes, Coutaud écrit à Rose Adler depuis Mailly le Camp dans l’Aube où il effectue une période militaire. On retient de cette lettre des projets de cartes de Noël illustrés par Coutaud pour un contact de Rose Adler et une proposition de faire son portrait.

«[...] L'autre dimanche, le moment passé chez vous m'a fait un bien énorme [...].
Hier par une permission, j'ai pu rester quelques heures à Paris, mes amis avaient de tout autres visages, ce qui m'a beaucoup peiné, cela ne vous arrive pas quelques fois ? L'impression est affreuse n'est-ce pas ?
Vraiment vous êtes très gentille pour moi, je ferai votre portrait parce que votre visage ne doit pas changer.
Avez-vous vu le Monsieur aux cartes de Bon Noël ? J'y songe.
Recevez chère amie, mes amitiés bleues comme mon costume.»

Cette lettre est illustrée d’un dessin titré «L’ennui» représentant deux personnages éplorés, l’un couché et l’autre à genoux devant le premier les bras levés.

Le 4 octobre 1930, Rose Adler continue à s’occuper de la promotion de l’oeuvre de Coutaud. Elle travaille ce jour avec Monsieur Walter et un certain Varney à une publicité pour faire connaître Coutaud aux américains. «Chez Nancy à 6 h Walter, Varney et moi travaillons à la publicité de Lucien Coutaud pour le révéler aux américains». C’est ce qu’elle écrit dans son journal. Le 25 novembre 1930, Rose Adler reçoit Monsieur Walter (elle précise «libraire» pour ne pas le confondre avec le collectionneur du même nom) et Véra Gabrilovitch pour leur faire voir des gouaches de Coutaud dont elle plaide la cause. «Il aura probablement une exposition en février aux 4 chemins. Nous parlons peinture - mouvement littéraire. L’art à scandale si nécessaire en tant que réaction a fait son temps. Le besoin de faire quelque chose d’immense se fait sentir dans tous les domaines». Ce projet d’exposition pour Coutaud, elle en parle vraisemblablement à Denise Bernollin à qui elle rend une brève visite avec Madame Jeanne Dubost le 29 novembre en fin d’après-midi, même si l’objet de cette visite est de s’intéresser aux travaux artistiques de Denise Bernollin elle-même. Ceci nous vaut une description de l’atelier de cette dernière dans le journal de la décoratrice : «Je ne passai que quelques minutes à l’atelier de la petite Denise - avec Jeanne Dubost - Petite Denise dans son atelier tout blanc avec son divan de toile cirée noir et blanc - trois coussins de la même matière confectionnés par elle - une table avec des livres - une boule de verre avec une seule rose - sa toute petite table de travail devant les fenêtres à rideaux blancs et sur le mur blanc se détache le grand poêle à tuyau noir».

A partir du 6 février 1931, Coutaud présente sa première exposition personnelle, Galerie des 4 Chemins à Paris, grâce à Rose Adler. Pour le vernissage les amis sont venus. Quelques collectionneurs aussi. André Salmon, le premier, publie un article fort élogieux dans Gringoire en date du 20 février.

L’été 1931, Coutaud écrit régulièrement à Rose Adler qui l'aide de plus en plus en lui achetant des oeuvres, se dévouant pour lui trouver de nouveaux amateurs, notamment Madame Jeanne Dubost qui lui achète une petite toile, un «6 Portrait», 41 x 27 cm, titré «Tête» à moins qu’il ne s’agisse sous ce titre que d’une désignation comme souvent à cette époque et même lui accordant son appui pour des travaux décoratifs comme des dessins de tissus.

«Nîmes 4 août 31
Chère amie
Vous voudrez bien avoir la gentillesse d'excuser mon grand retard à vous écrire, ce n'est pas tout à fait de ma faute, les dernières semaines de Paris furent assez (très) difficiles et je ne peignais pas comme je le voulais, de plus la personne des tissus Réaumur n'était pas encore de retour de Lyon. J'ai été beaucoup ennuyé de ne pouvoir me servir de votre appui et de vous avoir donné tout ce dérangement pour rien, d'autre part j'ai beaucoup moins de regrets car mes projets n'étaient pas fameux. Ces derniers temps j'étais incapable de faire quoi que ce soit, tout était mal. Maintenant à Nîmes les choses vont un peu mieux, depuis huit jours je peins sans arrêt, je ne sors que la nuit.
Etes-vous satisfaite de votre séjour à Evian [...].
Chère amie Rose ne m'en veuillez pas et ne me grondez pas, soyez assez gentille pour ne pas me parler de tous ces ennuis dans votre réponse, mes parents savent toute votre amabilité pour moi et je suis obligé de leur montrer votre lettre.
Madame Dubost m'a payé. Quelques jours avant mon départ j'ai vendu une toile, ce qui m'a permis de partir.
Chère amie encore pardon et croyez à mon amitié.
Je vous embrasse la main.
Lucien Coutaud
10 rue de la Madeleine Nîmes
Je vous envoie aujourd'hui 2 nouvelles gravures.»

«Nîmes 13 août 31
Chère amie,
Votre lettre m'a fait grand plaisir, c'est très chic de vous intéresser à moi comme vous le faites. Depuis deux ans votre gentillesse n'a pas diminué, c'est merveilleux, aussi vous pouvez croire que cela me touche énormément.
Que pensez-vous de ces quelques projets de cartes de Noël, qui peuvent très bien se réaliser en pointes sèches - pour la couleur (il y en a très peu) il me sera très facile et pas ennuyeux de la passer moi-même sur la gravure. La plaque de cuivre peut supporter 80 à 100 épreuves, l'épreuve coûterait de 3 à 3 fr 50 et l'on pourrait demander 25 à 30 fr la gravure (ou plus ?) [...] Ici il ne se passe rien, tranquillement je peins.
Chère amie encore merci [...].
Croyez à ma fidèle amitié.
La gravure aurait une toute petite marge un demi centimètre.»

«Nîmes 10 septembre 31
[...] Les jours se passent bien gentiment à peindre. Dullin m'a écrit, il me propose des décors et costumes pour la saison prochaine, ce serait une pièce de André de Richaud, l'action se passe à Avignon à l'époque des Papes. Dès octobre je dois aller à l'Atelier me mettre au courant de la chose. [...]
Fraigneau est à Nîmes pour quelques jours. Je peins son portrait, vêtu d'une armure ! Je me propose cet hiver de peindre plusieurs portraits, pour commencer, le vôtre.
Par le même courrier je vous adresse dix gouaches qui je l'espère ne vous décevront pas trop. J'ai fait quelques projets de tissus.
Chère amie Rose recevez mon amitié respectueuse.»

Ce même mois de septembre, Coutaud apprend avec beaucoup de satisfaction que Rose Adler vient de lui vendre, par l’intermédiaire de René Gimpel, une de ses gouaches, une composition au bateau, au Musée de Toledo aux Etats-Unis.

«Nîmes 21 septembre 31
"Je commence en criant Vive le docteur qui assure votre guérison pour janvier et en remerciant le musée de Toledo qui a bien voulu d'une gouache. Vous ne pouvez savoir combien cette prédiction et cette nouvelle me font grand plaisir, une fois de plus je vous suis redevable d'un bonheur. Ce que vous dites de mon dernier envoi me réconforte un peu car j'étais assez inquiet du travail des vacances, aussi il me tarde de vous montrer mes peintures, et de faire le portrait. Merci à la dame australienne gentille. Je ne perds pas de vue le prix Blumenthal. Je voudrais bien à la rentrée connaître les conditions exactes. Et vous chère amie avez-vous depuis votre retour réalisé du nouveau ?
Pour Dullin je saurai très bientôt de quoi il en retourne et ferai tout mon possible pour que cela réussisse.
Je vous envoie aujourd'hui 4 gouaches qui je pense iront comme format, pour le prix ce que vous ferez sera toujours bien.
Chère amie Rose recevez mes meilleures amitiés, mes parents sont ravis et vous remercient de tout coeur.
Votre très reconnaissant
Lucien Coutaud
P. S. Je rentrerai vers le 6 octobre»

Le marchand René Gimpel avait été nommé conseiller du Musée de Toledo en janvier 1930 pour l’achat de maîtres vivants. Il avait fait la connaissance de Rose Adler en juillet de la même année et lui avait confié des encadrements. Dans son journal personnel, en date du 15 septembre 1931, Rose Adler ne cache pas sa satisfaction pour cet achat : «Visite de Gimpel et la joie de lui voir acheter à Coutaud une gouache pour le musée américain. Bonheur de ce geste ». Rose Adler met alors Coutaud en relation avec René Gimpel. Une lettre de Lucien Coutaud à Rose Adler datée d’octobre 1931 en témoigne.

«Mardi
Chère amie
Je suis allé chez Monsieur Gimpel. C'est un type extraordinaire, gentil et intéressant. Sa maison ressemble au musée du Louvre, d'ailleurs nous devons ensemble aller à ce dit musée.
Je vous remercie beaucoup de me l'avoir fait connaître.
Je vous aime bien respectueusement
à demain 5 h 1/2
Lucien Coutaud
PS Il m'a donné 750 fr»

Le travail de Lucien Coutaud intéresse beaucoup René Gimpel. Il est admiratif devant ses gouaches et pense qu'en ce domaine il a beaucoup d'avenir. Il le recevra souvent chez lui, l'emmènera visiter des musées, s'attardant en de longues discussions sur l'art et les artistes.

Le 27 janvier 1932, Coutaud est invité avec Denise Bernollin, Jean Blanzat, André de Richaud... à passer la soirée chez Rose Adler. Peut-être a-t-il eu l’honneur de s’assoir sur le canapé de Pierre Chareau qui fait la fierté de la maîtresse des lieux. Rose Adler évoque cette soirée dans son journal personnel en date du 28 janvier 1932.

«Jeudi soir sont venus De Richaud, Blanzat, les amis de Coutaud et de Denise Bernollin. Fraigneau avait raison pour de Richaud. Il est inquiétant d’arrivisme, d’assurance. De voir Blanzat éclaire singulièrement son oeuvre écrite. Délicat et fragile comme une femme sensible. [...] De Richaud me raconte que Jacques Doucet avait acheté son premier livre Saint Delteil. C’est une confirmation pour moi. Je crois que lui et Blanzat représentent l’avenir à moins que cette assurance et son arrivisme ne faussent cette promesse».

Le 4 février 1932, Coutaud continue à travailler au portrait de Rose Adler. Dans son journal, cette dernière note à la date de ce jour : «Vernissage de l’UAM [Union des Artistes Modernes] - Après la séance de pose pour Coutaud nous filons au Pavillon de Marsan». On sait que c’est en 1929 que Rose Adler quitta la Société des Artistes Décorateurs pour l’Union des Artistes Modernes. Le 8 février 1932, le portrait de Rose Adler, un portrait à la gouache de grandes dimensions, est déjà bien avancé. A cette date l’artiste en note le réglement dans un carnet : «Portrait Rose 700».

En mars 1932, René Gimpel organise une petite exposition de gouaches de Coutaud dans sa galerie du Quai Voltaire. On en devine l’aide généreuse de Rose Adler.

Début avril, Coutaud passe quelques jours de vacances à Nîmes auprès de ses parents. A son retour, il termine le portrait de Rose Adler. Le 20 avril, il est invité en même temps que Denise Bernollin et Rose Adler chez Madame Jeanne Dubost. Rose Adler en relate les circonstances dans son journal. «Il y avait chez Jeanne Dubost - Florent Schmitt et Coutaud et Denise et Luc Durtain qu’on sent observateur et fuyant et pourtant poète. Il y avait une atmosphère de luxe et de légèreté».

En août 1932, Rose Adler documente Lucien Coutaud sur le Palais des Papes d’Avignon pour l’aider dans ses projets de décoration du «Château des Papes» d’André de Richaud qu’il réalise en ce moment à la demande de Charles Dullin.

«Nîmes 2 septembre 32
Ma chère grande amie
Il y a quelques jours j'ai été ravi de savoir par votre lettre que certains anges des gouaches venaient en visite chez vous, vous apporter mes amitiés. Je voudrais bien être à leur place, ils sont égoïstes et ils ne m'en avaient rien dit. J'ai reçu vos documents très intéressants sur le Palais des Papes et chose curieuse par le même courrier je recevais une lettre de Dullin me demandant de lâcher Mr de Pourceaugnac (qui ne passera qu'en décembre) et de travailler immédiatement à la pièce de Richaud qui sera sûrement présentée vers le 6 octobre. Votre intuition m'a épaté. Malheureusement le pauvre Dullin ne m'offre pas grand chose. Tant pis, pour partager certains bonheurs il faut subir beaucoup d'ennuis. Avant-hier à 6 h dans la rue j'ai rencontré Sauguet, il passait ici pour aller à Toulouse. Je ne m'attendais pas à cette rencontre, nous avons passé la soirée très agréablement. Inutile de vous dire qu'il m'a raconté mille histoires très drôles ! [...] Je ne sais encore la date à laquelle je rentrerai, je crois le 15 ou 20.
Ne m'en veuillez pas, je me permets de vous embrasser.
Votre ami Coutaud»

La première représentation du «Château des Papes» a lieu le 14 octobre de cette année au Théâtre de l'Atelier. Pour Rose Adler et les amis de l’artiste, la réussite n’est pas au rendez-vous. Rose Adler relate son indignation dans son journal en date du 27 octobre :

«Jeudi 27 octobre. Chez Dullin Le Château des Papes de de Richaud. Costumes de Coutaud. Ses décors ne sont pas là. On ne les a pas compris, pas appréciés. Ses costumes ne sont plus en liaison avec le fond ridicule que Dullin impose fièrement aux regards. Tapis de la place Clichy - petit meuble semi-oriental affreux - Quelle tristesse. Tout en moi en ses amis se lève en armes. Nous manifestons bruyamment à la fin - mais ni Coutaud, ni de Richaud ne sont là pour répondre à l’appel».

La critique dans la presse ne témoigne cependant pas d’une telle déception. Elle est même plutôt favorable à ce spectacle.

Le 26 décembre 1932, Coutaud écrit à Rose Adler pour la remercier de la délicate attention qu’elle venait d’avoir à son égard pour les fêtes de Noël :

«Chère amie Rose de Noël
Je ne sais comment je pourrai vous remercier de votre si délicate attention. Vous ne pouvez croire combien ces bonnes choses m’ont été agréables.
Tout ce que vous faites pour moi est vraiment très chic.
Jamais je ne saurai vous rendre tout ça.
J’espère que vous avez passé un excellent Noël. Demain je vous téléphonerai. Il me tarde de voir les éventails.
Croyez à mon amitié affectueuse.
Merci encore.
Lucien Coutaud.
P. S. Je vous prépare des voeux «gouache».

En 1933, Coutaud garde sa préférence pour le travail à la gouache. De mieux en mieux il maîtrise cette technique. Rose Adler lui achète cette année encore plusieurs gouaches pour lesquelles elle créera de remarquables cadres. On sait qu'elle se fait de plus en plus une grande réputation dans le domaine des arts décoratifs : création de bijoux, cadres, tissus, reliure de livres et on lui reconnaît des goûts très modernes. Dans ce contexte, Coutaud lui peint accessoirement nous le savons, quelques éventails. Une gouache également acquise par cette dernière, en mai, servira à enrichir un exemplaire de «Cloches pour deux mariages» de Francis Jammes (déjà illustré par Hélène Perdriat) qu’elle terminera de relier pour Madame Louis Solvay en 1934. Il s’agit d’une gouache représentant quelques fleurs éparses dans une forme ovale évoquant un oeuf... On sait également par le livre de comptes de Rose Adler qu’elle a vendue en juin à Madame Solvay «un cadre caoutchouc et métal avec un tableau de Lucien Coutaud», vraisemblablement la gouache dont Coutaud relève le réglement en date du 5 juillet 1933. Dans son journal en date du 27 juin, Rose Adler notait : «arrivée de Madame Solvay [...] Chez moi, elle discerne tout de suite un petit tableau de Coutaud que j’ai encadré de métal chromé et de tissu caoutchouté gris - Je me réjouis pour le petit peintre de cet achat», un achat qui rejoindra d’autres commandes à Rose Adler, notamment une remarquable peinture de Picabia acquise antérieurement et encadrée par elle.

Cette année 1933 aussi, Rose Adler faisait connaître le travail de Lucien Coutaud à Madame Marie Cuttoli qui dirige à Paris la Galerie Vignon, 17 rue Vignon, et un atelier de lisse à Aubusson. En date du 25 mars, Rose Adler notait dans son journal : «Visite de Madame Cuttoli. Satisfaction de l’avoir intéressé à Coutaud à qui elle fera faire des sièges de tapisserie et elle fera une exposition Lucien Coutaud». Marie Cuttoli achète cette année à l’artiste plusieurs gouaches et lui commande quelques cartons de tapisseries destinés à des sièges. On sait également que le jour de l’inauguration de la librairie de la Galerie Vignon, le 7 avril 1933, Marie Cuttoli commanda à Rose Adler un sous-verre pour encadrer une gouache de Coutaud destinée à être offerte au gouverneur d’Algérie.

L’été 1933, en vacances à Nîmes, Coutaud écrit, comme les étés précédents, à Rose Adler.

«Nîmes 17 août
Chère amie,
Vraiment je ne sais comment m'excuser d'avoir tellement tardé à vous demander de vos nouvelles, où vous êtes et si votre séjour près de l’eau ou des montagnes se passe agréablement.
Pour moi à Nîmes où je suis depuis le premier, rien n'a changé, comme tous les ans tout s'y passe de la même façon. Je peins chaque jour à la gouache en songeant à ma future exposition. J'ai retrouvé mes parents en excellente santé et ravis de m'avoir pour deux mois. Je leur dis souvent tout ce que vous faites d'épatant pour me permettre de peindre, aussi vous pouvez croire grande leur reconnaissance pour Mademoiselle Adler.
[...] Avant mon départ j'ai revu Madame Cuttoli qui m'a fait beaucoup de promesses agréables pour l'avenir. Pour l'instant c'est tout ce que je puis vous raconter. Passez de bonnes vacances et recevez les amitiés affectueuses de
Coutaud
10 rue de la Madeleine Nîmes.»

Le début de cette lettre, conservée comme les autres lettres de Lucien Coutaud à Rose Adler à la Bibliothèque littéraire Jacques Doucet (pour laquelle elle s’était tant dépensée après la mort de Doucet), est délicatement orné d'une rose dessinée et peinte à la gouache dans des tons roses pastels avec en vert pâle la tige et ses épines...

En novembre 1933, Coutaud se rend à Philippeville en Algérie, alors territoire français, pour réaliser quelques décors destinés au théâtre de cette ville. On sait qu’il a obtenu ce travail par l’intermédiaire de Marie Cuttoli. Il profite de ce voyage pour rechercher à la demande de Rose Adler certains matériaux rares ou insolites à usage décoratif, sans succès... Ceci nous vaut également de savoir que Rose Adler lui avait commandé avant son départ deux gouaches représentant des paysages enneigés...

«Chère amie Rose
Je suis vraiment honteux de vous écrire si tard et aussi de n'avoir pas encore fait les deux petites gouaches de neige, mais vraiment jusqu'à aujourd'hui la confection des maquettes pour le théâtre m'a pris un temps fou, et de plus il y a le pays qui a vraiment un visage et un air tellement différent de ceux que je connaissais, alors chère amie vous comprenez pourquoi et vous voudrez bien ne pas m'en vouloir de ne vous avoir pas écrit avant. J'ai cherché des «matières» mais je n'ai rien trouvé, tout ce que l'on trouve ici pourrait très bien s'acheter au "Bazar de l'Hôtel de Ville", pour découvrir quelque chose il faudrait aller beaucoup plus vers le sud.
Mon séjour ici qui a été très agréable (un climat merveilleux, du soleil chaque jour, le printemps continu) touche à sa fin. Je partirai à la fin de cette semaine ou au début de l'autre, dès mon arrivée je vous téléphonerai et peut-être ne sera-t-il pas trop tard pour vous remettre les 2 gouaches. Nous aurons tant de choses à nous raconter.
J'espère que pour vous tout marche comme vous le voulez et que votre santé et votre travail vous rendent les jours agréables. Blanzat m'a écrit, il est très touché par la lettre que vous lui avez envoyée.
Chère amie Rose pardon et croyez à mon amitié.
Mes hommages respectueux à madame Adler.
Lucien Coutaud
Mairie de Philippeville
Algérie»

Les premières semaines de l'année 1934 sont consacrées par Coutaud à la préparation d’une nouvelle exposition particulière qui aura lieu chez Marie Cuttoli à la Galerie Vignon à Paris. Rose Adler suit les préparatifs de cette exposition à laquelle elle est associée pour les encadrements et on sait qu’en févier 1934 elle a à nouveau acheté une gouache à Lucien Coutaud. Seule ombre, ce mois de févier, un différent entre Rose Adler et Marie Cuttoli au sujet d’un cadre copié par cette dernière. Rose Adler note en date du 19 février sa déception à ce sujet dans son journal : «Chez Madame Cuttoli retour à la vie conventionnelle - petites malhonnêtetés - Mon cadre copié par un petit façonnier - Je suis agacée surtout à cause de Coutaud et de son exposition». Le lundi 26 février, Coutaud relatait les préparatifs de cette exposition dans une lettre à ses parents.

«[...] depuis une dizaine de jours je suis très occupé à organiser mon exposition qui aura lieu à partir du vendredi 9 mars. Je passe mon temps à voir madame Cuttoli, Rose Adler et les amis qui doivent m'envoyer du monde. Ca s'annonce assez bien et j'espère que malgré le moment tout se passera bien. Il y aura en tout une trentaine de gouaches et des dessins. [...]».

Le 7 mars, Rose Adler évoquait dans une lettre à Madame Solvay les derniers préparatifs de l’exposition Coutaud et à la lecture de cette lettre on apprend que Madame Solvay avait consenti de prêter une gouache de Lucien Coutaud encadrée par Rose Adler.

«[...] Je finis de bâcler une série de cadres pour l’exposition à la Galerie Vignon de Lucien Coutaud dont le vernissage est vendredi. Le pauvre garçon est bien inquiet, étant donné les temps, il est bien heureux de votre prêt ; dès la fin de l’exposition je ferai enfin apporter Avenue Victor-Emmanuel ce tableau qu’on aime toujours beaucoup. [...]»

L’exposition Coutaud à la Galerie Vignon se tient du 9 mars au 22 mars 1934. L'artiste sera présent à la galerie durant toute cette période. Parmi les personnes venues au vernissage le vendredi 9 mars, de 14 à 19 heures, il y a les amis, les amis des amis, des collectionneurs, et aussi quelques visiteurs inattendus. A la lecture du relevé fait par Coutaud des personnes présentes ce soir là, on remarque les noms de Jean et Marguerite Blanzat, Eugène Dabit, Marc Bernard, Denise Bernollin, Rose Adler, madame Henri Bonnet, René Gimpel, Robert Honnert et son épouse, la Comtesse de Panges, René et Marie-Hélène François, Geo Achard, monsieur Achard, Antoine de Roux, Pierre-Olivier Lapie, Henri Sauguet, Georges Vakalo, le docteur Jean Dalsace venu avec Pierre Chareau, Fernand Léger, Giorgio de Chirico... Le lendemain on pouvait voir madame Jeanne Bucher, Raoul Leven, Guy Selz et à nouveau René Gimpel. Le lundi suivant, parmi les nouveaux visiteurs, on peut reconnaître Jacques Prévert ainsi que René Blum et un peu plus tard, le 18 mars, on y rencontrera André Salmon.

On peut notamment admirer à cette exposition le grand «Portrait de Mademoiselle Rose Adler» daté de 1932 et prêté par cette dernière sur l’insistance de Coutaud, le «Portrait de Jean Blanzat» daté de 1933, «Souvenir de Pazac» de 1933, «La femme sous la table» qu'il venait de peindre récemment, mais la plupart des oeuvres présentées (presque exclusivement des gouaches, en dehors du portrait de Blanzat et de quelques dessins bien que le carton d’invitation précise «exposition de gouaches) ne sont pas titrées.

Les notes de Rose Adler dans son journal, au retour du vernissage, méritent d’être citées.

«J’étais triste et lasse. Le matin je m’étais beaucoup démenée pour faire un cadre de fortune pour mon portrait. Coutaud s’obstinait à vouloir le montrer à son exposition. Mes autres cadres mettaient bien en valeur sa peinture. C'avait été un peu une course, mais la réussite paye de l’effort. A la porte de la galerie où j’arrivais lasse de corps et d’esprit et pas bien ravie de me retrouver en face de Madame Cuttoli à cause du cadre copié, je trouvais Doley et Annie Dalsace enchantées de l’exposition et des progrès de l’artiste. J’en fût surprise moi-même - Impression si claire de poésie intérieure - d’un monde étrange ramené au jour. Un portrait à l’huile de Blanzat tout à fait réussi, étonnant d’arrangement et de ressemblance - plus fort que les autres compositions qui valent surtout par la couleur et l’arrangement. Une grande gouache comme une tapisserie vénitienne et surréaliste à la fois. Coutaud me présenta en haut un petit personnage à la fenêtre : c’est mon propriétaire dit-il et le type qui s’en va en bas c’est moi. L’atmosphère était délicieusement claire - atmosphère de contes de fées - Devant «La jeune fille malade», qui est l’écuyère qui rentre par la porte sur son cheval enjuponné ? dis-je. «Mais c’est la guérison» répondit avec assurance mon jeune peintre, comme si c’était évident. Devant un dessin à la mine de plomb représentant Blanzat avec sa sensibilité presque féminine je trouvais Marc Bernard court et robuste avec sa crinière blanche, sa tête massive, un regard d’illuminé. Il remarque que l’ensemble des oeuvres de Coutaud était éloquent pour l’artiste. Chaque image faisait germer dans l’esprit de l’écrivain une nouvelle. Je parlai assez longuement avec lui et Blanzat, avec ce dernier du manuscrit sur l’Angleterre qui intéresse la bibliothèque pour un cahier Jacques Doucet».

Le 12 mai 1934, Coutaud revoit René Gimpel ainsi que Rose Adler qui lui demande de peindre un nouvel éventail. D’autres rencontres avec Rose Adler peuvent être notées ce même mois.

En août 1934, en vacances à Nîmes, il entreprend pour Madame Solvay des illustrations à la gouache pour un exemplaire des «Moralités légendaires» de Jules Laforgue. Une lettre à Rose Adler datée du 26 septembre nous donne cette information que Coutaud confirmera par la suite dans ses notes biographiques.

«Chère amie Rose,
Je suis impardonnable de répondre si tardivement à votre gentille lettre du 15 août, la veille de votre départ en croisière, je crois. [...] Ici mes vacances se passent comme toujours, près de mes parents qui sont très gentils. Tranquillement je peins, mes nuits je les promène invariablement dans les rues et après je dors, et voilà. Aussi vous pouvez croire que mes amis et Paris commencent à me manquer beaucoup. J'ai fait suivre votre lettre à Blanzat, dernièrement il m'écrit avoir terminé une nouvelle destinée à la Bibliothèque J. Doucet. J'ai songé aux illustrations de madame Solvay, je travaille en ce moment une série de gouaches pour les "Moralités légendaires" de Jules Laforgue. [...]
J’espère rentrer vers le 15 octobre. Mes parents vous disent bien des choses
et moi je vous embrasse la main bien fort
Coutaud»

On ne sera pas étonné de voir cette lettre illustrée sur la première page, avant le début du texte, d'une gouache à fond bleu nous montrant de dos une jeune femme à la longue robe rose, assise, jouant de la musique sur un piano à queue.

En 1935, Coutaud revoit toujours souvent Rose Adler. On sait que par son intermédiaire et celui d'Henri-Pierre Roché, il vend en février une petite gouache à la Galerie Georgette Passedoit de New York. Le 12 avril de cette année, Rose Adler resollicite Coutaud pour qu’il envoie de nouvelles gouaches à la Galerie Georgette Passedoit.

Durant ses vacances d’été à Nîmes, il écrit comme d’habitude à Rose Adler. Ainsi une lettre datée du 7 octobre 1935 nous permet de découvrir que ses relations avec les marchands et intermédiaires sont beaucoup plus complexes qu’il n’y parait surtout que Coutaud ne veut froisser personne.

«Chère amie Rose,
Je suis vraiment honteux de vous écrire tellement tard. J'ai bien reçu votre carte de Corse. Votre pensée m'a fait très plaisir. Me voici à Nîmes depuis près d'un mois, après avoir passé deux semaines épatantes à Antibes chez Madame Cuttoli, où j'ai rencontré Picabia. Vous veniez de passer à Cannes, j'aurais beaucoup aimé vous y rencontrer. Ici j'ai assez travaillé, à mon retour je vous montrerai ces gouaches et vous me direz ce que vous en pensez.
Denise vient de me dire quelques mots au sujet de Mlle Passedoit et d'une exposition en Amérique. Voici ce qu'il y a. J'ai envoyé en tout quatre petites gouaches à Mlle Passedoit jusqu'à ce jour, elle m'en a vendu une à 200 fr, je dois donc 30 fr à Mr Roché, les 15 % étaient convenus. D'autre part dans sa dernière lettre Mlle Passedoit me disait qu'elle aimerait bien me faire une exposition chez elle. A cette lettre je n'ai pas encore répondu - car madame Cuttoli doit aller (sauf changement) en Amérique avant la fin de l'année et m'y organiser une exposition. Dès son retour je saurai je pense si cela tient toujours et pourrai à ce moment prévenir Mlle Passedoit.
Et vous chère amie êtes-vous contente de vos vacances, avez-vous des choses intéressantes à faire ? Il me tarde de vous revoir, nous aurons sûrement des tas de choses à nous dire. Je n'oublie pas que tout ce qui m'arrive d'agréable c'est en grande partie à vous que je le dois. Excusez-moi, mais il y a des moments où l’on ne sait pas écrire.
A bientôt. Je rentre le 16.
Chère amie Rose veuillez croire à mon amitié
et me permettre de vous baiser bien fort la main.»

L’été 1936, Coutaud de passage aux Saintes-Maries-de-la-Mer avec Marc Bernard n’oublie pas d’envoyer une carte postale à Rose Adler. Cette carte postale représente la barque de la célèbre procession de ce lieu avec les deux saintes et un bras reliquaire. Pourtant, cette année 1936, Rose Adler ne lui a acheté qu’une oeuvre, en janvier. Les temps sont difficiles. C’est l’année du Front populaire. Coutaud expose néanmoins du 30 octobre au 14 novembre 1936 à la Galerie Jeanne Bucher-Myrbor, une galerie résultant de l’association de Jeanne Bucher et Marie Cuttoli, un ensemble de peintures, de gouaches et une tapisserie, «Paul et Virginie», tissée en un seul exemplaire par André Delarbre à Aubusson. L'invitation au vernissage est un simple carton, comme souvent à cette époque : «Madame Jeanne Bucher et Madame Cuttoli vous invitent à l'exposition, dans leur galerie, des oeuvres récentes et d'une tapisserie de Lucien Coutaud. Vernissage le 30 octobre à 16 heures». La galerie fait figure de galerie d'avant-garde et les liens de Rose Adler avec Marie Cuttoli et également avec Jeanne Bucher dès le tout début des années 1930 ne sont certainement pas étrangers à la présence de Coutaud parmi les artistes présentés à cette époque. Jeanne Bucher obtiendra en mars 1937 l’entrée d’une grande gouache sur panneau de Coutaud, datée de 1936, «Le printemps», dans les Collections nationales.

Le 23 février 1937, Rose Adler achète une petite gouache à Lucien Coutaud. Pour lui faire plaisir, l’artiste accepte d'illustrer la couverture d'un cahier d'écolier avec Parmentier pour sujet. Il demande à Jean Blanzat un texte d'accompagnement.

«[...] Rose Adler et d'autres personnes éditent des cahiers d'écoliers, qui intérieurement sont comme tous les cahiers, mais les couvertures seront illustrées par des dessins représentant un homme célèbre. Elle m'a confié "Parmentier", donc si tu veux bien m'envoyer avant la fin du mois un texte de 50 lignes sur Parmentier [...]. Il y aura 30 cahiers différents, textes de Cassou, J. R. Bloch, Luc Durtain etc... illustrés par Léger, Lurçat etc... Tu auras pour cela 250 fr. Je pense que c'est assez drôle à faire et très bientôt tu m'enverras le papier, j'en ai besoin pour faire le dessin (en couleur). Je ne connais pas grand chose sur Parmentier.
A bientôt, il faut que je donne le tout à Rose avant le 1er mars.»

Du 2 mars au 31 mars 1937, Coutaud participe à la Galerie Rive Gauche à Paris à une exposition collective sur le thème de la musique : «La Musique - Exposition de peintures». Il y présente une gouache titrée «Souvenir de Mozart», peinte récemment, inspirée par une peinture de Thaddäus Helbling conservé au Musée Mozart de Salzbourg : «W. A. Mozart am Klavier». Il s’agit d’un portrait de Mozart enfant. Il y a un lien secret avec Rose Adler, encore faut-il le découvrir. En janvier 1937, Rose Adler avait adressé à Lucien Coutaud une carte postale représentant cette oeuvre et en comparant la gouache de Coutaud et son modèle, on en retrouve la filiation.

Le 11 avril 1937, Coutaud achève de peindre «Le mythe de Proserpine», une grande peinture murale pour le Palais de la Découverte s’intégrant dans le contexte de l’Exposition internationale de 1937. Dans Proserpine, on retrouve rose, mais cela ne relève que du hasard. Le 25 avril 1937, Coutaud revoyait Rose Adler avec quelques amis. Le 3 mai 1935, Rose Adler lui commande une nouvelle gouache destinée à illustrer la couverture d’un cahier d’écolier, cette fois avec Washington pour sujet. Hommage à l’Amérique en laquelle ils espéraient tant. Le 29 juin 1937, Coutaud reçoit Monsieur Alfred Sidès, un ami de Rose Adler qui avait été l’associé de René Gimpel. Sidès lui achète «Visite à la Dame des feuilles», une gouache dont nous ignorons l'année de composition. On sait que vers la fin de l’année précédente, Alfred Sidès avait contribué à l’organisation de l’exposition de Salvador Dali à la Galerie Julien Levy de New York.

Pour les années qui suivront, nous n’avons aucune information sur d’éventuels travaux de Lucien Coutaud pour Rose Adler et on peut raisonnablement penser qu’il n’y en a pas eus. La dernière présence de Coutaud, à proximité de Rose Adler, à proximité seulement, est sa participation durant l’été 1939 à la Golden Gate International Exposition de San Francisco où Marie Cuttoli présente l’une de ses deux grandes gouaches dénommées «La carte postale», celle de 1937, également connue sous le titre «Le printemps». Alors que Rose Adler présentait une sélection de ses plus belles reliures.

Si Coutaud revit Rose Adler après la guerre, ce le fut au hasard de vernissages d’expositions, au hasard de rencontres de rue. Mais le souvenir de Rose Adler restera dans son oeuvre, marqué par sa prédilection pour le rose. Il y eut «La maison rose», une toile peinte en juin 1944, dont on sait que c'était le nom de la maison où elle se trouvait à cette époque à Brive en Corrèze. Il y aura par la suite encore toutes ces toiles et gouaches marquées, de loin en loin, du rose de sa reconnaissance : «Jeune personne tachée de rose», «Elles cherchent dans le rose du soir», «Pêcheurs par temps rose», «Arbres par temps rose», «Visage très rose»...

Rose Adler, elle-même, après 1945, imaginait encore d’intégrer Coutaud dans un projet de ballet dont elle avait écrit l’argument, projet intitulé «Fête foraine».

«Je travaille à fignoler «Fête foraine», peut-être faudrait-il un autre titre parce qu’il y a eu «Les Forains» de Sauguet et «Fête» de Debussy. «Fête foraine» (Ballet-musée sur anthologie sonore) m’allait bien. Pourquoi pas fixer ces visions des artistes d’une époque ? Ballet-musée sur un enchaînement de fonds sonores de Sauguet - Poulenc - Auric - Milhaud...
Voici le premier jet écrit il y a environ vingt-cinq ans. Mes évocations me font associer maintenant l’accordéoniste de Picasso (1905), les écolières de Marie Laurencin (les écoliers aussi), les fléchettes, les friandises à Miro, les animaux en pain d’épice auront peut-être des cagoules de Brauner...
Costumes de Lucien Coutaud pour la danse macabre du tir, côtes et tibias etc traités comme des pipes d’écume peints sur des maillots de drap noir, en somme des squelettes qui transparaîtraient.»....

Derniers feux d’une époque qui voulut magnifier le rêve.



Couverture : «Jeune fille champêtre», lithographie, 19 x 14,5 cm, 1957.

«Portrait de Mademoiselle Rose Adler», gouache sur papier, (1932).
Collection particulière.

Sans titre (Composition au bateau), gouache sur carton, 48,3 x 61 cm, (1931).
Musée de Toledo.

«Portrait de Denise Bernollin», gouache sur papier, 67 x 52 cm, 1936.
Fonds Coutaud.

«La pianiste», gouache sur carton, 1935.
Collection particulière.

Thaddäus Helbling : «W. A. Mozart am Klavier»
Huile sur toile, Mozart-Museum, Salzbourg

Etudes préparatoires pour «Souvenir de Mozart», 1937.

«La maison rose», huile sur toile, 38 x 46 cm, 1944.
Fonds Coutaud.

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