Souvenirs du «Cheval de Brique».
Il y avait d'abord ce portail en bois peint en blanc sur lequel il avait apposé une plaque désignant le lieu avec les lettres qui lui servaient pour ses tapisseries et qui lui fût dérobé en 1970... Il décida de repeindre les mots «Cheval de brique» à même le portail par la suite.
La maison elle-même, construite en briques et pans de bois dans le style caractéristique des constructions normandes, était constituée de deux corps de bâtiment réunis par une partie centrale avec une grande porte vitrée.
Elle était entourée d'un grand jardin descendant jusqu'à la mer. Il y avait beaucoup de fleurs (des pavots, des pensées, des iris), deux arbres aux formes bizarres, penchés l’un sur l’autre, et dont le plus fragile finira par mourir, un cèdre du Liban (pareil à celui qui se trouvait aux jardins de la Fontaine à Nîmes) qui lui aussi finira par être déraciné... et la mer à perte de vue, l'horizon seulement coupé sur la droite par l'estuaire avec le port du Havre, qu'il transposera dans son imaginaire. Les plages de la côte honfleuraise, les baigneurs, les baigneuses jouant parfois avec des ballons, les habitants du bord de mer, les châteaux de sable, les moulières se retrouvèrent dans sa peinture. De même les cabines multicolores, les planches de Deauville, le phare de Trouville, le petit phare d'Honfleur, les toits de Villerville, cette maison «art nouveau» avec ses néréides sculptées à l'entrée de la localité et devant laquelle il s'arrêtait chaque fois pour l'admire
r... La plage du «Cheval de Brique» n’était autre que la plage de Villerville avec ses rochers et ses pierres étranges, la zone verdoyante des graves tout autour, ses moulières, notamment la grande moulière, les épaves, les coquillages abandonnés par le flux et le reflux de l’Océan.
Dans son intérieur on pouvait remarquer deux têtes de chevaux en métal qu'il avait trouvées dans l'écurie, posées à présent aux deux extrémités de la cheminée, avec au centre une armure miniature de Tolède, une peau de taureau limousin sur le sol, la tête naturalisée avec les cornes accrochée en trophée sur le mur du fond face à la mer, des banderilles souvenir des tauromachies nîmoises…, une fourche qui lui avait été offerte par la municipalité de Sauve, le pays des arbres à fourches..., une armoire provençale..., sa collection de fers à repasser, d'autres souvenirs encore, des souvenirs maternels. Aux murs de son atelier dans lequel était planté son chevalet, Coutaud avait placé les affiches de ses dernières expositions, une affiche représentant «Jupiter et Sémélé» de Gustave Moreau, une reproduction de la «Nymphe à la source» de Lucas Cranach, des affiches de corridas, une photographie de Maria Callas dans le rôle de Médée, des photographies de ses amis disparus («de temps en temps je leur mets une petite fleur»), des visages de toreros, des photos anciennes de jeunes femmes nues, un tableau d'identification des races de chevaux, tous ces chevaux que l'on peut voir dans les prés toujours verts du côté de Deauville.
Son voisin le plus proche était depuis le début l'acteur Fernand Ledoux.
Un peu plus loin vers l'intérieur des terres, c'était le bocage normand avec ses mystères, ses guérisseurs, ses jeteurs de sorts....
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